Les incunables - Le Labo - Cambrai
Les incunables
La collection du Labo comprend près de 600 incunables et représente la plus importante concentration de ces documents dans des collections publiques au nord de Paris.
La plus importante collection d'incunables au nord de Paris
Un incunable est un texte imprimé entre 1450 et 1501 après qu’un certain Gutenberg ait inventé l’imprimerie à caractères mobiles. C’est donc un livre âgé, au minimum, de 500 ans ! L’innovation est tellement importante qu’elle est comparable avec l’invention du traitement de texte que nous utilisons sur nos ordinateurs : une véritable nouvelle technologie pour l’époque ! Imaginez-vous : avant l’ingénieur germanique, le manuscrit est roi. Tout livre, tout document est écrit à la main, et l’impression se limite à des plaques de bois gravées, donc non modifiables, encombrantes et avec une durée de vie assez faible. Gutenberg imagine alors un système d’impression avec une presse et des panneaux de bois sur lesquels l’imprimeur peut composer une page. Avec cela, les caractères, les lettres, les signes de ponctuation, les espaces, les gravures, sont métalliques, indépendants et mobiles.
Ce procédé révolutionnaire pour l’époque permet dès lors de recomposer des pages, de modifier une faute, de reproduire de nombreuses fois un texte, d’en composer un nouveau avec le même matériel et, surtout, d’aller très vite, que ce soit pour les livres communs ou les éditions de luxe. En somme, tout ce que nous pouvons faire encore aujourd’hui avec nos écrans. Rien d’étonnant donc à voir les prémices de la publicité se manifester : les imprimeurs apposent alors de plus en plus régulièrement leur marque, soit par un symbole soit par une mention explicite.
Les collections anciennes du Labo, dont de très nombreux manuscrits, proviennent majoritairement des saisies faites lors de la Révolution française après 1789. La richesse et la puissance des très nombreuses institutions religieuses cambrésiennes s’y ressent. Nul surprise qu’on y retrouve quelques documents prestigieux comme une Bible imprimée par Schaëffer, l’apprenti même de Gutemberg, en 1472 ou d’autres best sellers médiévaux !
La Mer des histoires, un des incunables les plus courants
Sa célébrité le rend vite indispensable partout en Occident, ce qui fait qu’aujourd’hui, rares sont les collections d’incunables à ne pas en posséder un. Il s’agit d’une adaptation française d’une histoire universelle en latin imprimée en Allemagne dès 1475. La version française, elle, est imprimée en 1488–1489 et 1491 et est connue pour être un des plus beaux incunables imprimés en France grâce, notamment à de nombreuses et belles gravures sur bois.
Mais ce qui rend ce livre si spécial, c’est surtout sa grande mappemonde qui permet de comprendre l’horizon mental et intellectuel des lettrés de la fin du Moyen Âge. Tout y est : du pape à Jérusalem, en passant par le Paradis et les villes de l’Antiquité réelles ou fictives citées par les auteurs anciens et quelques monstres décrits par les voyageurs. Tout ce qu’un étudiant se devait donc de connaître à cette période.
Plus rare : la première version incunable de la Cité de Dieu
Il s’agit de l’impression la plus ancienne de la toute première version française de l’œuvre. La seule qui soit imprimée au XVe siècle ! Dans le Monde, on ne compte plus que 26 exemplaires complets du livre imprimé non loin de Cambrai, à Abbeville en 1486-1487 (précisément à l’époque où Christophe Colomb présente son projet de voyage vers les Indes qui l’amènera à découvrir le continent Américain). Plus encore que la Mer des Histoires, cette édition imprimée de la Cité de Dieu est un livre de luxe très populaire dans les milieux aisés de l'Occident chrétien. L’exemplaire du Labo est ainsi recouvert de gravure rehaussées de peintures, une opération supplémentaire et coûteuse pour l’acheteur car réalisée encore à la main à cette période.
Il en va de même pour de nombreux exemplaires conservés dans d’autres institutions. Nulle surprise à ce que cet incunable soit considéré comme un des deux plus beaux ouvrages illustrés sortis des presses françaises au XVe siècle et le premier imprimé français dans lequel le papier, les gravures et la typographie sont parfaitement harmonieux.
Les collections du Labo recèlent de nombreux Trésors que nous aurons plaisir à vous faire découvrir ici ou à l’Espace patrimoine.